Trente ans après la mort d’Osamu, le genre du Manga continue de connaître de belles évolutions et une superbe popularité au Japon. Il ne viendrait plus à l’idée de personne de considérer cet art comme un art mineur. De grands illustrateurs et auteurs continue d’y poursuivre sa longue histoire. Leur popularité et leur notoriété sont immenses et certains sont même totalement inapprochables : ils sont devenus « iconiques ». D’une certaine façon, on pourrait presque les comparer aux plus célèbres réalisateurs de Hollywood même s’ils sont sans doute plus que cela. Ils en sont, en tout cas, plus proches qu’ils le sont de nos auteurs de BD en dehors d’Angoulème. Mais la BD en France, ne peut simplement pas être comparée au Manga au Japon : en terme d’impact, de popularité et de reconnaissance culturelle et sociale.
Le manga en France
Puisque nous y sommes, il faudra attendre les années 90 pour que le Manga débarque en France. Depuis, sa popularité, chez nous, n’a cessé de croître. Aujourd’hui, sur trois bandes dessinées qui se vendent sur notre territoire, une d’entre elles est un Manga.
Entre temps, le genre a totalement explosé. En disant cela, on ne peut manquer de mentionner l’extraordinaire rayonnement de Dragon Ball du mangaka Akira Toriyama. Sortie en 1984, la série allait partir à la conquête de l’international pour devenir, 30 ans après, rien moins qu’une des bandes dessinées les plus vendues dans le monde avec 230 millions d’exemplaires ! Dragon Ball inaugura même une nouvelle ère pour le manga, celle d’une véritable fierté autant peut-être que d’un certain espoir.
Le Manga à l’assaut du monde
C’est, en effet, une ère qui verra rêver certains japonais de conquête culturelle au niveau planétaire : le manga comme média privilégié de faire parler du Japon dans le monde entier. Du Japon non pas seulement en tant que nation, mais aussi en tant que civilisation ayant son propre regard sur le monde. Car les codes du manga ne sont pas que graphiques, il y est aussi et peut-être même surtout, question d’émotions, de philosophie, d’inter-relations personnelles, de préoccupations existentielles. C’est même un de ses atouts et ce qui fait sa grande séduction.
Au delà du découpage, de la scénarisation et des grandes audaces de ses auteurs, c’est un support narratif qui permet d’aborder plus librement des sujets ou des thèmes émotionnels, affectifs, des tabous même que la culture japonaise, plus tacite, n’aborde pas toujours de manière frontale, dans son quotidien. Sans tomber dans l’analyse à deux sous, il y a sûrement, dans tout cela, une fonction que certains psychologues pourraient définir comme cathartique. Sous le style et les codes, le Mangaka explore des territoires émotionnels voire transgressifs, qui touchent tout le monde ou peuvent poser question. Cette fonction d’exprimer, de manière codifiée, la sensibilité japonaise, ses émotions et son regard sur le monde ne peuvent être dissociés du Manga. Mais au fond, n’est-ce pas tout le propos de l’Art ?