Le Dieu du Manga
Pour faire un bon manga, il faut un scénographie, un Story-board. Or, ces codes allaient naître et se fixer dans le Japon de l’Après-guerre. À cette époque, le pays a subi le contrecoup de la deuxième guerre et en a payé le lourd prix. Avide de reconstruction, de culture et d’ouverture sur le monde, il voit l’influence culturelle américaine débarquer et se confirmer sur son territoire. C’est dans ce contexte qu’un japonais passionné de cinéma et de dessins animés à la Disney, décidera d’aborder ses histoires illustrées comme un véritable scénariste de cinéma. Avant de se lancer corps et âme dans sa véritable vocation, il mènera en parallèle des études médicales, tout en continuant à exercer ses talents dans le domaine des Mangas. À cette époque, Osamu Tezuka ne savait pas encore qu’il allait devenir plus qu’une immense star au Japon, un véritable dieu du Manga.
Plusieurs dizaines d’années plus tard, il allait être reconnu comme on pu l’être chez nous, nos plus grands auteurs passés. Pour en donner la mesure, on compare souvent les funérailles auxquels il eut droit, en 1989, à celle d’un Victor Hugo en France. Talent, notoriété ? Peut-être plus que cela. Le Japon de l’après-guerre devait se réinventer une culture. C’était une nécessité existentielle, psychologique, économique aussi. Il n’est pas impossible que, à sa mesure et pour la partie qui le concerne, Osamu ait contribué à faire bien plus que simplement redonner un nouveau souffle au Manga. Au travers de son oeuvre, il a aussi permis à toute un culture de trouver de nouveaux modes d’expression et d’identification, et plus loin, un nouveau moyen de rayonner positivement dans le monde.
L’entrée en force du 7ème art dans le manga
Avec Osamu Tezuka, le découpage d’une histoire selon un certain rythme allait trouver directement sa source d’inspiration dans le 7ème art, dans les films comme les dessins animés. L’artiste est curieux de tout et si l’on raconte qu’il a vu le Bamby de Walt Disney des dizaines et des dizaines de fois, il compte aussi, dans ses influences, des dessins animés russes ou des contes anciens comme Pinocchio. C’est d’ailleurs l’histoire de la marionnette de bois qui lui inspirera (très librement) un de ses premiers personnages culte : Astroboy, un enfant robot abandonné par son créateur qui deviendra un des plus célèbres super héros japonais de l’après guerre. Au niveau du style, de grands yeux expressifs viendront consacrer un des codes célèbres des mangas. Ils ne sont pas japonais mais proviennent, là encore, de l’influence des personnages de Disney sur le grand mangaka. Après lui, les grands yeux auront la vie longue dans les mangas et on les retrouvera au service de l’expressivité et des émotions de bien des personnages.
Une avalanche de personnages et de thématiques
Au long de sa carrière, Osamu Tezuka créera des dizaines et des dizaines de personnages. Il y en aura même pour incarner des archétypes moraux ou amoraux et que l’on retrouver dans des histoires totalement différentes. Là encore, la notion de personnages de Bandes Dessinées rejoint avec le maître du genre, les codes du cinéma avec des apparitions de type Caméos ou même simplement la notion de casting : le même personnage pouvant aussi intervenir dans des rôles totalement différents. À la manière d’Hitchcock et bien avant Stan Lee et Marvel, l’auteur se mettra aussi en scène dans ses propres histoires.
Dans le courant des années 50, le style de Osamu Tezuka évoluera pour se concentrer sur des thèmes de nature plus philosophique et gagner en profondeur. Pourtant, au fil de sa carrière, l’illustrateur/scénariste n’aura cessé de toucher à tous les genres et tous les styles. Plus de 20 ans après ses premières influences, Disney lui rendra même son tribut. Le grand Mangaka est, en effet, à l’origine des personnages du célèbre Roi Lion et son talent est pour beaucoup dans le succès planétaire du film d’animation de Disney.
Consécration et reconnaissance internationale
À partir des années 60, une avalanche de prix au Japon et dans le monde salueront son talent et son génie. Après sa mort en 1989, les récompenses et reconnaissances posthumes continueront même de s’accumuler au crédit de celui qu’on a souvent surnommé le Dieu du manga. L’explosion du Manga en Europe et aux Etats-Unis après les années 90, contribueront a expliquer cette longue résonance et ces prix posthumes. De son côté, le Japon avait reconnu Osamu et son oeuvre immense depuis longtemps.